Le cours se passa comme à l’accoutumé : chouchouter Drago Malefoy pour rester en bons termes avec son père, enlever plus de 50 points aux Gryffondors sans oublier de rabattre le clapet de Miss Granger et de terroriser Neville Londubat.
Enfoncé dans son fauteuil au cuir fatigué, il goûtait le calme trop calme de son bureau. Ses paupières baissées n’empêchaient pas les visions de sa vie se jetant de la tour d’apparaître devant lui, et encore moins les larmes de couler, mais en silence cette fois. On frappa à la porte. Il ouvrit les yeux et, du coin sombre où il était, il regarda entrer le jeune Harry Potter. Il lutta contre la nostalgie qui le forçait à nouveau à se projeter quelques années en arrières, se leva et s’approcha de l’élève. Il se jugea trop faible pour le cours d’occlumencie qu’il devait donner et il allait renvoyer Potter quand celui-ci lui tendit un parchemin signé de la main du directeur :
Je sais que l’exercice que je vous impose vous sera d’autant plus difficile ce soir mais je tiens fermement, je veux, que vous donniez quand même cet entraînement à Harry.
Avec mon soutien, Albus Dumbledore
C’était bref mais clair… et sans appel.
Il était bien trop affaibli ; il laissa le fils de James – espérant peut-être se délivrer d’un poids – explorer sa mémoire…
Harry fut entraîné, malgré lui au plus profond des souvenirs de son professeur ; il était comme aspiré par un tourbillon d’images. Puis tout se stabilisa et le jeune homme, avant de distinguer quoique ce soit, ressenti une violente souffrance. Puis il vit une tour du château où se tenait, debout sur le parapet, une jeune femme brune, cheveux au vent. Il vit Severus Rogue, au pied de la tour, la tête levée vers la jeune femme. Il vit dans cette posture comme une supplication ou une peur ; et il vit que Rogue pleurait. Alors, la pluie se mit à tomber, noyant les larmes. Harry jugea que dans ce souvenir son professeur devait avoir une vingtaine d’années.
Il se dit qu’il était temps de sortir de là mais une force et une curiosité le retenait ; il sentait monter en lui une tristesse sourde et infinie.
La jeune femme eue un soupir ; on entendait le son assourdi d’une flûte. Lorsqu’elle fit ce pas dans le vide, Rogue hurla. Tout un coup ce fut le silence, lentement le froid professeur tomba à genoux, tête baissée.
Harry ressentit sa douleur, une douleur intense. Tout devint noir autour de lui et, pendant un moment il n’entendit plus que le son de la pluie. Puis, une sorte de brouillard l’enveloppa ; il y distingua deux silhouettes sombres qui récitaient en cœur la prophétie…
"Protego !"
Le professeur de potion avait enfin réussi à repousser son élève, mais au prix d’un grand effort. Ils étaient tous deux à genoux, en égal. Severus Rogue fixait Harry d’un regard froid où celui-ci lisait la plus déchirante des douleurs.
"– Voilà, M. Potter… vous savez maintenant…
– Pourquoi… Mais je…
– Ne vous avisez pas d’aller raconter cela car je ne saurais alors avoir quelques tolérances que ce soit à votre égard. Vous pouvez disposer. Et entraînez-vous pour la prochaine séance, je vous ai senti peu sûr de vous."
Si Harry était resté un peu plus dans le bureau de Rogue il aurait pu entendre ce que seuls les murs savent à présent et qu’ils m’ont raconté ; il aurait pu entendre Severus Rogue murmurer :
Je te promets, te fait serment mon amour t’honorer ta mémoire par ma vie et de ne plus jamais laisser qui que ce soit assister à ton suicide…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire