samedi 20 mars 2021

Le Passé

Voilà, petite fanfiction, une de mes premières d'ailleurs. Triste, je sais. Elle date de 2006 je crois.
 
***

Un goût d’encre ou de gouache, une odeur de bois ou de terre ; de la poussière et une lumière grise, blafarde, perçant les nuages, filtrée par les vitraux sales ; le froid qui glace les mains, le froid qui glace les corps.
 
Un mince rayon de soleil, au fond d’un cachot ; le vent froid et le sourire amer. Une flûte dans le vent et des larmes. Un château abandonné, l’automne des vies.
 
Les feuilles rouges et or. Les cœurs seuls. La mélancolie, l’éternité ou encore l’infini : langueur et destin.
 
 
Lui ou Elle. Seul. Seule. Sous la pluie. Sous le vent. Un soupir, une larme. Un saut, un cri. A genoux. La fin.
 
 
Que reste-t-il ? Que peut-on faire ? Elle s’est perdue. Maintenant Il erre. Traîne poussière et cœur endurci.
 
A jamais sombre, à jamais noir. Inconsolable. 
 
 
C’était écrit. Sa propre histoire, sa prophétie. Il y a longtemps que cela est arrivé. Devait-il se consoler que se fut écrit ? Qu’il n’y puisse rien ?
 
Inconsolable.
 
Il souffrait de ce retour dans le passé… quelle idée de vouloir savoir ce que l’avenir réserve et de découvrir, finalement, que le passé vous rattrape ?! Sa vie était décidément bien étrange mais elle était aussi finie puisque sa prophétie lui contait ce qu’il savait déjà, qu’elle lui transmettait une douleur qu’il connaissait que trop bien… Il n’en serait désormais que plus vigilant et plus sévère.
 
Pour l’heure, il souffrait. Il essayait de se taire sans réellement y parvenir : la douleur de la marque des ténèbres sur son avant-bras gauche, il s’y était fait… mais pas à la souffrance du cœur. Sa vie s’était jetée d’une tour voilà environ 10 ans et depuis, il était autre. Non pas qu’il fut moins strict mais il y avait une raison de vivre alors que maintenant, sa vie était au service d’autres…il était là pour protéger le fils d’un homme mort pour plus que cela, et il payait sa dette envers Dumbledore qui l’avait "recueilli" après l’"accident." Et il souffrait.
 
Il réprima un dernier cri de rage et de douleur et se dirigea, froid comme un tombeau, vers sa salle de classe. 
 
"SUFFIT !"
Il entra en coup de vent et personne ne vit autre chose que le redoutable et détesté professeur de potions, drapé majestueusement de froideur et de dignité.
 

Le cours se passa comme à l’accoutumé : chouchouter Drago Malefoy pour rester en bons termes avec son père, enlever plus de 50 points aux Gryffondors sans oublier de rabattre le clapet de Miss Granger et de terroriser Neville Londubat.

Enfoncé dans son fauteuil au cuir fatigué, il goûtait le calme trop calme de son bureau. Ses paupières baissées n’empêchaient pas les visions de sa vie se jetant de la tour d’apparaître devant lui, et encore moins les larmes de couler, mais en silence cette fois. On frappa à la porte. Il ouvrit les yeux et, du coin sombre où il était, il regarda entrer le jeune Harry Potter. Il lutta contre la nostalgie qui le forçait à nouveau à se projeter quelques années en arrières, se leva et s’approcha de l’élève. Il se jugea trop faible pour le cours d’occlumencie qu’il devait donner et il allait renvoyer Potter quand celui-ci lui tendit un parchemin signé de la main du directeur :

Je sais que l’exercice que je vous impose vous sera d’autant plus difficile ce soir mais je tiens fermement, je veux, que vous donniez quand même cet entraînement à Harry.

Avec mon soutien, Albus Dumbledore

C’était bref mais clair… et sans appel.

Il était bien trop affaibli ; il laissa le fils de James – espérant peut-être se délivrer d’un poids – explorer sa mémoire…

 
 

Harry fut entraîné, malgré lui au plus profond des souvenirs de son professeur ; il était comme aspiré par un tourbillon d’images. Puis tout se stabilisa et le jeune homme, avant de distinguer quoique ce soit, ressenti une violente souffrance. Puis il vit une tour du château où se tenait, debout sur le parapet, une jeune femme brune, cheveux au vent. Il vit Severus Rogue, au pied de la tour, la tête levée vers la jeune femme. Il vit dans cette posture comme une supplication ou une peur ; et il vit que Rogue pleurait. Alors, la pluie se mit à tomber, noyant les larmes. Harry jugea que dans ce souvenir son professeur devait avoir une vingtaine d’années.

Il se dit qu’il était temps de sortir de là mais une force et une curiosité le retenait ; il sentait monter en lui une tristesse sourde et infinie.

La jeune femme eue un soupir ; on entendait le son assourdi d’une flûte. Lorsqu’elle fit ce pas dans le vide, Rogue hurla. Tout un coup ce fut le silence, lentement le froid professeur tomba à genoux, tête baissée.

Harry ressentit sa douleur, une douleur intense. Tout devint noir autour de lui et, pendant un moment il n’entendit plus que le son de la pluie. Puis, une sorte de brouillard l’enveloppa ; il y distingua deux silhouettes sombres qui récitaient en cœur la prophétie…

 

 

"Protego !"

Le professeur de potion avait enfin réussi à repousser son élève, mais au prix d’un grand effort. Ils étaient tous deux à genoux, en égal. Severus Rogue fixait Harry d’un regard froid où celui-ci lisait la plus déchirante des douleurs.

"– Voilà, M. Potter… vous savez maintenant… 

 – Pourquoi… Mais je… 

– Ne vous avisez pas d’aller raconter cela car je ne saurais alors avoir quelques tolérances que ce soit à votre égard. Vous pouvez disposer. Et entraînez-vous pour la prochaine séance, je vous ai senti peu sûr de vous."

 

Si Harry était resté un peu plus dans le bureau de Rogue il aurait pu entendre ce que seuls les murs savent à présent et qu’ils m’ont raconté ; il aurait pu entendre Severus Rogue murmurer :

Je te promets, te fait serment mon amour t’honorer ta mémoire par ma vie et de ne plus jamais laisser qui que ce soit assister à ton suicide…

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